09/11

Comment réussir à échouer

  • Jeu à somme nulle

  • L'ultrasolution

  • Qualité émergente

Citation en préambule

Pour Jung : « Tout extrême psychologique renferme secrètement son contraire, ou se trouve d’une certaine manière en relation intime et essentiellement avec celui-ci ».

 

Définitions & clarifications

  • Il existe un certain type de solution qui n’a pas encore de nom dans le langage courant : l’ultrasolution. Ce sont des solutions qui se débarrassent non seulement du problème, mais aussi de tout le reste, un peu comparable à cette vieille plaisanterie de carabins : opération réussie, patient décédé.
  • La sécurité est la plus grande ennemie des mortels : plus nous essayons de nous protéger, plus nous ressentons un besoin de protection.
  • Deux fois plus n’est pas nécessairement deux fois mieux : Plus de la même chose se révèle souvent être quelque chose d’autre.
  • Le mal du bien: idée naïve selon laquelle si quelque chose est mal, son contraire doit être bien. Héraclite, le grand philosophe du changement, nous a avertis que les actes extrémistes ne mènent jamais à la victoire finale, mais au contraire, ne font que renforcer l’extrême opposé. La religion de l’amour reposa un temps sur l’Inquisition et, pour imposer ses idéaux, la Révolution française dut avoir recours à la guillotine. Celui qui pose le bien absolu pose par là même le mal absolu. La poursuite du plus haut idéal, quel que soit le nom qu’on lui donne : sécurité, patriotisme, paix, liberté, bonheur, etc., est une ultrasolution, une force qui, pour parodier Goethe, cherche toujours le bien et crée toujours le mal.
  • Jeu à somme nulle : Nos continuelles attitudes agressives ou défensives engendrent les situations contre lesquelles nous voulons précisément nous protéger ; ce qui ne fait que confirmer la conception que nous avons de la vie : celle d’une bataille permanente. Le pouvoir magique d’un jeu à somme nulle réside dans le fait qu’il impose des règles à pratiquement tout le monde, que les autres veuillent jouer ou pas à ce jeu. La perte d’un joueur n’est pas nécessairement le gain de l’autre ; autrement dit, ils peuvent tous les deux gagner ou perdre.
  • Désordre & Ordre : Loi de la thermodynamique, selon laquelle tout processus naturel a tendance à procéder de l’ordre vers le désordre. On appelle entropie la mesure de ce désordre et néguentropie l’évolution vers des formes d’organisation plus élevées, partout observables dans la nature. Prenons l’exemple d’une relation dyadique, entre deux êtres humains. En cas de conflits, chaque partenaire a tendance à blâmer l’autre, est convaincu qu’il fait tout pour résoudre le conflit, et pourtant, il persiste et s’aggrave même parfois. Ça doit être de la faute de l’autre car où la faute pourrait-elle bien être ? Il ne peut y avoir de 3ème source de conflit entre seulement deux personnes. Et pourtant, il y en a une. Toute relation est plus que, et différente de, la somme de tous les ingrédients que les entités impliquées apportent dans la relation. Les biologistes appellent cela une qualité émergente ; les psychologues parlent de Gestalt. Mais il est pratiquement impossible de la discerner quand on se trouve à l’intérieur de la relation. L’ordre absolu est une ultrasolution ; le changement est synonyme de l’émergence d’une nouvelle qualité ; cette qualité émergente présuppose, et à son tour crée, un certain degré de désordre.

 

Outils

– Le questionnement circulaire (Psychiatre Mara Selvini-Palazzoli) :

Cette technique est particulièrement indiquée quand l’intermédiaire veut arriver aussi vite que possible à une compréhension objective de la nature de la relation entre deux personnes. Inviter la partie A à exposer le plus complètement possible le point de vue de la partie B, jusqu’à ce que B soit satisfait de la définition de A. Puis c’est le tour de B d’exposer le point de vue de A sur le problème, jusqu’à ce que A trouve que son point de vue a été correctement présenté.

Cette technique permet de désamorcer le conflit, avant même que le problème soit discuté. Il n’est pas rare que l’un des partenaires dise, étonné et incrédule : « Mais je ne savais pas que tu pensais que je pense ceci ».

→ Il n’y a rien de plus décevant qu’un espoir réalisé, et rien de plus séduisant qu’un espoir qui ne l’est pas encore.

Ou comme Faust (Goethe) : « Je n’ai fait que courir par le monde, saisissant aux cheveux tout plaisir, négligeant ce qui ne pouvait suffire, et laissant aller ce qui m’échappait. Je n’ai fait qu’accomplir et désirer encore, et j’ai ainsi précipité ma vie dans une éternelle action ». Ainsi, chaque fois qu’il « posait ses mains » sur quelque chose  et demandait : « Est-ce que c’est ça ? », il obtenait toujours la même réponse : « Ce n’est pas ça ». Alors qu’il l’atteignait, une fois de plus, ce but ne tenait pas ce qu’il avait semblé promettre. Combien notre homme associa ses désirs à quelques lieux lointains, convaincu que les atteindre lui donnerait une tout autre idée de lui-même, un sentiment d’harmonie avec le monde !

Et puis un jour, un tout petit changement se produisit, un de ceux qui sont assez petits pour avoir de grands effets. A ce moment-là, la coupure entre lui et ça disparut, il n’y eu plus de séparation entre le sujet et l’objet : « Je suis plus moi-même que moi ». Il était maintenant clair que la seule raison pour laquelle il n’avait pas trouvé était la quête elle-même ; c’était que l’on ne peut trouver, là-bas, dans le monde, et donc jamais avoir, ce que l’on est déjà.

Alors se réalisa pour lui le mot de l’Apocalypse, « le temps ne sera plus » et il tomba dans l’éternité du moment présent.

Mais il ne resta qu’une seconde dans cette intemporalité, car il s’y accrocha et, voulant l’avoir pour toujours, il eut immédiatement recours à l’ultrasolution qui consiste à nommer cette expérience et à chercher à la répéter…

 

 

Auteur : Paul Watzlawick            

Editions: Points – Essais

 

Réflexion:

En effet « miroir », en quoi cette lecture pourrait-elle évoquer votre parcours et comment pensez-vous qu’elle nous inspire dans nos accompagnements de cadres & dirigeants, en OUTPLACEMENT INDIVIDUEL et EXECUTIVE COACHING ?

Au plaisir de futurs échanges …