Embrassez vos opposés avec le Dialogue Intérieur
La vie psychique est un théâtre intérieur où jouent nos différents « moi », nos différentes Co-personnalités. Ces « voix » sont les costumes que nous revêtons pour répondre aux différents rôles que nous sommes amenés à tenir et que nous jouons en fonction de nos capacités, de nos talents, de notre histoire, des modèles que nous avons eus sous les yeux, des expériences réussies et de celles qui ont moins bien marché. Cela explique non seulement qu’il y ait en nous une multitude de personnages intérieurs, mais aussi qu’un même rôle puisse être tenu de manières très différentes d’un individu à l’autre.
Il faut un chef d’orchestre qui fasse respecter la partition, pour obtenir une personnalité intégrée, où chaque Co-personnalité tient sa place, mais seulement sa place. Deux conditions pour cela :
- Que nous connaissions et acceptions chacune de nos Co-personnalités, de même que tous les instruments ont leur place dans un orchestre ;
- Que se développe un « Moi Conscient » qui régule l’action des Co-personnalités, comme le chef d’orchestre règle l’entrée en scène des instruments.
L’origine du Dialogue Intérieur : Le D.I est une praxis, une activité visant un résultat ; l’activité correspond au travail sur les Co-personnalités et le résultat, le développement du Moi Conscient. Il se développe au début des années 70 et a des points communs avec l’A.T, la Gestalt… même si Hal et Sidra Stone n’ont que très peu de contacts, voire pas du tout, avec ces théories. Hal, de « filiation psychologique » jungienne, et Sidra (influencée par l’œuvre de Skinner sur le comportement précoce : tout comportement, dès lors qu’il est récompensé, est répété et devient une partie de la personnalité et de Hermann Hesse : « Le loup des steppes ») ne peut plus regarder aucun d’entre nous comme une simple entité, et est fascinée par les nombreuses Co-personnalités qu’elle peut voir en elle-même et dans les autres. Tous deux ont développé la technique du D.I, qui consiste à parler à chaque voix spécifique, ainsi qu’une approche des relations, via les « scénarios relationnels ».
La structure de la Psyché
La psyché comprend la totalité des processus psychiques, c’est-à-dire relatifs à la vie de l’esprit, qu’ils soient conscients ou inconscients. « Esprit » lui-même doit être entendu au sens large et inclut aussi bien la pensée que l’affectivité.
– La persona : ce terme, emprunté au théâtre antique, est le masque que les acteurs se mettaient sur le visage pour leur servir de haut-parleur ; tout à la fois, il cache le comédien et amplifie sa voix. Symboliquement, la persona est l’interface que nous utilisons pour correspondre aux demandes de l’environnement et parler le langage que notre entourage attend de nous ou qu’il peut comprendre. Mais il arrive que la persona se développe indûment, prenant alors toute la place ; le masque dévore l’acteur, le personnage remplace la personne qui s’identifie à son rôle (au risque d’être « bloquée » dans un statut, un rôle). On dirait qu’il ne reste que la façade et que l’intérieur est vide, ou en tout cas, interdit ou inconnu. La persona est donc à la personnalité ce que l’épiderme est à la peau, le reflet de la santé intérieure.
La persona est la partie visible de ce qui se vit à l’intérieur, l’enveloppe de la psyché.
La psyché = les Co-personnalités + la vision lucide + le Moi Conscient (qui permet la dissociation d’avec une Co-personnalité).
– Les Co-personnalités : chacune a ses propres caractéristiques et son schéma énergétique, en lien avec l’histoire individuelle de chacun. L’ensemble des Co-personnalités primaires = Moi Opérationnel = Moi primaire = « le Moi » ; le changement est d’autant plus difficile pour la personne que le Moi Opérationnel aura mieux réussi.
A chaque Co-personnalité primaire correspond une Co-personnalité opposée ; souvent inconsciente. Mais dès que ce pôle s’est manifesté et a été rejeté comme inadapté, inapproprié, il devient une Co-personnalité non intégrée, parfois même reniée. Plus il a été puni, plus il est à présent renié ; plus il est renié, plus il est enfoui profondément dans l’inconscient, plus ses manifestations sont fortes et difficiles à contrôler.
– La Vision Lucide : C’est « la capacité d’être le témoin de la vie dans tous ses aspects sans évaluer ni juger les schémas d’énergie ainsi observés et sans éprouver le besoin de contrôler l’issue d’un évènement ». C’est une capacité de distanciation, de recul non impliqué. C’est un regard éveillé, une perception lucide assez proche de l’état de méditation. Elle n’est pas le Moi Conscient, mais elle procure le recul et l’information nécessaires pour se désidentifier d’une Co-personnalité primaire. En raison de sa permanence, à la différence du Moi Conscient, plutôt intermittent, la Vision Lucide maintient un état de vigilance. C’est une sorte de « veilleuse » ; elle n’est en aucune manière identique au moi Conscient, mais elle en est la condition d’existence.
– Le Moi Conscient : Il permet la tension entre les opposés, sans s’associer à aucun, sans prendre parti pour aucun. Il fournit la base à partir de laquelle la personne peut choisir le comportement le plus approprié. Le Moi Conscient est transversal car, puisqu’il est un processus et non un état (donc il n’est pas non plus l’Adulte de l’A.T), il se situe partout et nulle part, sans hiérarchisation des différentes instances. Il ne conduit pas à satisfaire ses envies, car la liberté consiste à se situer entre les différentes envies de Co-personnalités opposées et à faire la part de chacune.
Il est un principe d’action ; non seulement il voit ce qu’il pourrait faire d’autre, mais il est capable de le faire ; il crée des degrés supplémentaires de liberté, ouvre de nouvelles possibilités d’agir. C’est pourquoi, la résolution créative de problèmes, la capacité à recadrer les situations passe par un développement du Moi Conscient. Celui qui n‘agit qu’à partir de son Moi Opérationnel ne voit les choses que selon une procédure standard et son point de vue est forcément limité.
En ce sens, le Moi Conscient bâtit un temple à chaque Co-personnalité, car il sait que toute Co-personnalité non honorée se venge tôt ou tard. Toutes les Co-personnalités sont bonnes et utiles ; elles ont toutes une fonction dans la psyché. Elles se sont constituées pour protéger la personne, pour l’aider à s’adapter à son environnement, pour lui permettre de réussir et d’être heureuse. Leur seul défaut est de devenir parfois trop exclusives, mais en tant que telles, elles n’ont rien à changer. Elles sont.
Le simple fait de donner la parole aux Co-personnalités les transforme.
Les Co-personnalités primaires, lorsqu’elles sont honorées, perdent de leur « arrogance » ; les Co-personnalités « non-intégrées » dès lors qu’elles ont voix au chapitre, soit apportent leurs conseils, soit se font moins violentes, elles se « civilisent ».
Le Moi Conscient lui-même se transforme progressivement, mais lentement. Rappelons qu’il n’y a de Moi Conscient que par rapport à une Co-personnalité donnée à un certain moment…
Si le Moi Conscient est principe d’action, cette action peut consister, pendant un temps, à ne pas agir.
Il amène à redéfinir la liberté personnelle: être libre n’est pas de faire ce que l’on veut, mais c’est ne pas être identifié à un pôle, c’est reconnaître qu’il existe des Co-personnalités conservatrices qui refusent de faire n’importe quoi.
Il conduit à redéfinir l’échelle de valeurs ; non pas tant les contenus de celles-ci, mais la relation que la personne entretient avec elle. Une Co-personnalité s’identifie à ses valeurs ; le Moi Conscient choisit ses valeurs sans s’y identifier.
Les Co-personnalités sont à chaque bout de la bascule, le Moi Conscient est au milieu et maintient l’équilibre tout en étant conscient des poids différents qui existent à chaque extrémité. Plus le Moi Conscient est développé, plus consistante et cohérente est l’approche de la vie, car il est un centre de gravité très difficile à déstabiliser. Il rend aussi moins puissant le Critique Intérieur, nous rend moins catégorique dans nos décisions (car la certitude absolue est le propre d’une Co-personnalité) et moins il y a de scénarios relationnels dans laquelle la personne est ficelée…
– L’inconscient : Il comporte des aspects personnels ET collectifs. L’inconscient personnel est propre à un individu qui en acquiert les contenus au cours de sa vie (du point du vue du D.I, les Co-personnalités non intégrées et reniées forment la trame même de l’inconscient personnel). Les contenus de l’inconscient collectif sont invariablement des archétypes présents depuis le commencement.
Conclusion
L’approche typologique nous donne la carte du territoire et une boussole pour nous orienter, le Dialogue Intérieur nous aide à comprendre le chemin que nous parcourons. Concrètement, l’un renvoie sans cesse à l’autre. Rien de ce qui nous constitue n’est inutile, toutes nos Co-personnalités, primaires ou non intégrées, sont bonnes en soi. Il appartient au Moi Conscient de les embrasser toutes, non de les rejeter ou d’en favoriser certaines.
Le développement du Moi Conscient est en fait l’objectif même du travail personnel et la clé de la réussite du coaching.
Auteurs: Pierre Cauvin & Geneviève Cailloux
Editions: Le Souffle d’Or
Réflexion:
En effet « miroir », en quoi cette lecture pourrait-elle évoquer votre parcours et comment pensez-vous qu’elle nous inspire dans nos accompagnements de cadres & dirigeants, en OUTPLACEMENT INDIVIDUEL et EXECUTIVE COACHING ?
Au plaisir de futurs échanges …