Dans son livre, « Le pouvoir du moment présent », Eckart Tolle définit l’égo comme la somme de notre mental et de nos émotions. Thierry Claudon y ajoute les croyances.
L’égo est l’outil qui permet d’avoir une représentation du monde et de la réalité. Au fur et à mesure qu’il nous permet de réussir, notre égo se renforce de plus en plus, se ferme aux changements et réduit notre performance.
C’est la peur de perdre qui est à l’origine des résistances de notre égo aux changements et au plafonnement de nos performances ; ce qu’il a peur de perdre, c’est ce qu’il nous a permis de gagner à la sueur de notre front, qui peut se résumer à trois types de biens :
1. Nos activités (le faire),
2. Nos relations,
3. Nos avoirs (matériels & immatériels).
La peur de perdre découle du sentiment de propriété, qui est d’autant plus fort pour l’égo que les efforts pour acquérir ces « biens » ont été intenses.
♦ Le premier cadeau des limites est qu’elles nous imposent de choisir. La perfection n’existe pas. Ignorer ou dépasser les limites va se payer très cher, aussi bien en termes d’efficacité qu’en termes de santé physique ou mentale ainsi qu’en termes de relations avec notre environnement.
Les 4 issues dramatiques (Analyse Transactionnelle) lorsque l’on dépasse les limites sont : l’hôpital, la prison, l’asile et la morgue.
♦ Rôle et fonctionnement des émotions de base :
1. La peur (stimulus externe : le danger/ réactions archaïques : violence/agressivité),
2. La colère (stimulus externe : le dépassement des limites et l’invasion du territoire/ réactions archaïques : fuite, agression si fuite impossible),
3. La tristesse (stimulus externe : la perte/ réactions archaïques : dépression),
4. La joie (stimulus externe : succès/réussite ; énergie positive/ réactions archaïques : exubérance & euphorie)
La conséquence de l’émotion est qu’elle entraîne une décharge hormonale et un ensemble de réactions physiques afin de mettre l’individu en mode « stress » pour assurer sa survie. Le pb est que les circuits des réactions archaïques sont tjrs très actifs chez l’homme contemporain. Pour arriver à dissocier émotion et réaction archaïque, il existe une solution qui consiste à dire « oui à l’émotion » et « non au comportement archaïque ». C’est exprimer oralement ce que l’on ressent en nommant l’émotion qui est en nous ; dire nos émotions, c’est aussi arrêter de lutter contre elles et éviter ainsi qu’elles ne s’amplifient (expression = sortir la pression) ; la réflexion devient possible, l’intelligence et le discernement sont à nouveau disponibles. Quand l’émotion est là, il s’agit de l’accueillir et de dire « il y a telle ou telle émotion en moi », puis de parler de ce que l’on ressent dans son corps en lien avec cette émotion (tension, chaleur, agitation, sueur, oppression, etc.). La formulation choisie est importante ; dire « il y a de la colère en moi » est nettement plus juste et libérateur que « je suis en colère ».
La distance est plus grande, la formulation évite la confusion entre ce que je ressens et ce que je suis. Plus on utilisera le bon mot pour exprimer ce qui se passe en nous, plus on en sera libéré.
♦ Mettre à jour le besoin présent derrière l’émotion
Derrière chaque émotion se cache un besoin qui peut émerger avec l’expression de l’émotion. Accueillir ce besoin, sans le juger, va permettre de mettre en place des solutions pour y répondre (cf. CNV). Le cadeau de la peur est la prudence (si la peur est là, le besoin peut être celui d’être rassuré) ; le cadeau de la colère est de permettre de dire non, de dire stop, de dire ses limites. La colère est l’émotion des changements. Le cadeau de la tristesse est de permettre la séparation (le besoin d’une personne triste est une demande d’affection, d’écoute, de consolation). Pas de conseil, pas de jugement, juste de l’écoute avec compassion. Le cadeau de la joie : la gratitude.
Etre au contact de notre ressenti est un véritable exercice pour beaucoup d’entre nous. Education, culture, parcours scolaire favorisent avant tout le développement du mental et considèrent le corps au mieux comme un outil à entretenir, au pire comme un fardeau. Nous n’avons donc pas l’habitude d’écouter notre corps et nous sommes souvent assez démunis pour exprimer avec des mots ce que nous ressentons. Par ailleurs, le corps et les émotions font l’objet d’un certain nombre de croyances, de tabous éducatifs et culturels qui leur ont donné une mauvaise image. Interdiction de pleurer, de se mettre en colère ou d’avoir peur. La ceinture serrée et la cravate sont le symbole de la demande qui nous a été faite de nous couper de nos émotions et de nous focaliser sur notre tête et notre mental.
Contrairement à l’expression d’une opinion ou d’un jugement, l’expression d’un ressenti est d’une certaine façon incontestable. Ce que nous ressentons est à l’intérieur de nous et nous appartient.
1. RESSENTIR 2. NOMMER 3. ACCUEILLIR 4. EXPRIMER PAR DES MOTS
♦ Le corps comme moyen le plus fiable d’être présent
Concentrer notre attention sur les 3 facteurs clés de la présence au corps : 1. La respiration, 2. La verticalité, 3. Les appuis au sol
Si l’égo a la caractéristique de raconter des histoires, ce n’est pas le cas des maux du corps que Jacques Salomé appelle « les mots » du corps. A ce sujet, il est important de noter qu’en fonction de sa génétique et de son parcours, chacun réagit différemment (mal de dos ou de tête, pbs digestifs, tensions dans la nuque te les épaules, pbs d’articulation, etc.), qu’il y a une différence entre écouter les maux du corps et écouter le discours que le mental exprime par rapport à ces maux (que ce soit dans le déni ou l’exagération, le mental peut à nouveau venir troubler le jeu et empêcher la réception correcte des messages), et que, à ce niveau, les professionnels de santé sont des aides utiles.
♦ Comprendre l’utilité des problèmes pour l’égo
Dès que l’égo devient le maître, il nous prive d’une vraie liberté et nous enchaîne à des schémas de souffrance tels que l’orgueil, la vanité, l’amour-propre ou, au contraire, la dévalorisation, la perte d’estime de soi, le manque de confiance. Il devient alors contreproductif sur le plan du leadership relationnel, de l’équilibre psychologique et même de la santé. Axiome paradoxal : tout pb récurrent dans un système est en même temps une solution pour le système dans son ensemble ou pour une partie du système . Parfois, la souffrance ou le dysfonctionnement peuvent constituer un équilibre, au final moins risqué que le vrai changement. Les pbs dont on n’arrive pas à se défaire permettent de maintenir le système en l’état.
♦ Le big bang de la trahison : une nécessité pour grandir
Les pbs que nous répétons ainsi avec insistance nous dispensent de nous séparer de ce passé et d’assumer notre particularité, notre unicité et, au final, de nous autonomiser. Pour casser ce mécanisme, il est indispensable de noter qu’en réalité, il est impossible de « grandir » sans « trahir ».
On peut observer que la trahison d’un passé dépassé et/ou oppressant est au contraire une façon d’être fidèle et loyal à ce qui est plus grand que nous, autrement dit à la Vie qui coule en nous et dont la caractéristique principale est le changement permanent. L’énergie de vie est plus forte que celle de l’égo ; la crise va constituer ce big bang destructeur et créateur pour développer l’énergie et la confiance.
Dans un contexte où l’environnement a fondamentalement changé, faire plus d’une solution qui commençait à produire moins de résultat ne peut aboutir qu’à une grande dépense de temps et d’énergie, pour une progression très faible de résultats. Contrepèterie de Francis Blanche qui fait la différence entre « changer les pansements » et « penser les changements ».
♦ La crise (rupture radicale) : seul moyen de procéder à des changements qui dépassent les limites d’adaptation de l’égo. En réalité, la performance de tout système se réduit inéluctablement avec le temps. Arrivé à ce seuil, la seule façon de faire est de provoquer une crise, c’est-à-dire une véritable rupture, pour pouvoir « faire autrement ».
La crise demande de sortir de sa zone de confort dans différents domaines de compétences pour aller dans sa zone de challenge. L’idéal étant de ne pas aller dans la zone de panique. Ce mouvement confronte l’individu à une double nécessité, celle d’accepter la prise de risques et celle de se séparer de l’ancien.
En chinois, l’idéogramme qui décrit le mot « crise » se traduit par un double sens : danger et opportunité. En grec, le terme choisir se dit « Krisis » et traduit bien l’idée que certains choix ne peuvent se faire sans passer par une période de crise. On peut parler ici de véritable processus de deuil dont il faudra traverser les étapes en accueillant les émotions qui y sont rattachées, notamment la colère, la peur et la tristesse. Grandir ne peut se faire sans savoir se séparer.
♦ Les avantages de la zone de challenge :
– Seule zone où il est possible d’apprendre du nouveau ;
– Permet de sortir de l’ennui et du connu et de répondre à la soif de vie et de nouveauté ;
– Moyens le plus fiable et le plus rapide pour découvrir ses vrais talents et pour les exprimer ;
– Permet également de connaître ses limites ;
– Permet au final de se réaliser et d’obtenir plaisir et résultats.
– Développe l’autonomie & la recherche de sens.
Bouddha : « Il n’existe rien de constant, si ce n’est le changement ».
Auteur: Thierry Claudon
Editions: Kawa
En effet « miroir », en quoi cette lecture pourrait-elle évoquer votre parcours et comment pensez-vous qu’elle nous inspire dans nos accompagnements de cadres & dirigeants, en OUTPLACEMENT INDIVIDUEL et EXECUTIVE COACHING ?
Au plaisir de futurs échanges …