27/10
L’enfant émotionnel en nous
Blessures émotionnelles
Elan créateur
Refoulement
♦ Introduction :
Nous avons à l’intérieur de nous un enfant. Carl Gustav Jung l’appelle « l’enfant du moi », qui souvent porte une blessure de vie non réglée, une blessure émotionnelle qui manipule inconsciemment l’adulte que nous sommes devenus. Cet enfant est un archétype qui représente la somme de nos expériences émotionnelles – agréables ou difficiles – de notre enfance. L’enfant émotionnel est une partie de nous inconsciente qui nous maintient dans l’enfance même si nous semblons fonctionner comme des adultes dans le monde. Il est souvent l’expression d’un amour infantile que nous exprimons face aux autres et fasse à nous-mêmes. Même s’il est inconscient, l’enfant intérieur peut s’imposer dans notre communication et nous entraîner, malgré nous, dans une expression inappropriée qui crée un malaise, un malentendu ou même de la violence dans notre communication avec autrui.
Nous tentons d’aimer avec le meilleur de nous-mêmes et nous ignorons que la communication avec l’autre est grandement influencée par cette intériorité ignorée de nous-mêmes. De là résulte une communication souvent blessée, biaisée et même violente qui nous dépasse, qui nous surprend. Alors nous cherchons à l’extérieur la solution quand elle repose tout simplement en nous ; l’enfant émotionnel, notre enfant intérieur la porte.
Libérer ce dernier, lui redonner son élan, l’aider à se guérir est la clé importante d’un retour à soi, pour une maîtrise de notre vie émotionnelle et affective.
Où est cet archétype en nous ? Il est souvent caché sous des piles de carapaces, de protection inconsciente, que nous avons déposées avec le temps pour nous en éloigner, car cet enfant et sa charge émotionnelle font peur.
Il porte des émotions dont nous nous sommes détachés pour montrer aux autres et à nous-mêmes une image présentable, pour nous montrer une « persona » comme le dit si bien Jung – une personnalité qui semble être en contrôle. Mais cet enfant en nous cache une sensibilité, une émotivité qui, une fois libérée, nous permet de retrouver l’élan de vie, l’élan créateur dans l’amour de nous-mêmes, dans l’intimité avec soi et les autres.
♦ Notre chemin émotionnel :
Il y a une chose qui entrave le mouvement dans notre vie, c’est la peur de nos émotions, comme si une vie émotionnelle était une vie de vulnérabilité, de trop grande sensibilité et fragilité dans une société déshumanisée par le « faire semblant », qui exprime souvent que « nous allons bien » pendant qu’intérieurement nous vivons un état de crise.
L’expression de l’émotion est universelle. Même si nous avons brimé par imitation ou par formatage notre vie émotionnelle, il est de notre responsabilité aujourd’hui d’entendre l’enfant intérieur émotionnel qui est en nous et qui n’attend que notre accueil pour dialoguer.
Antonio Damasio, chercheur et neuropsychologue, a prouvé à travers les marqueurs somatiques que chaque stimulus extérieur vécu par une personne est associé à une réponse émotionnelle et/ou sensitive ; et ce lien est enregistré dans le cerveau, dans le cortex préfrontal. Il a réussi à démontrer que les émotions étaient indispensables à la validité de nos raisonnements. D’autres chercheurs ont aussi prouvé que l’émotion était essentielle à notre prise de décision, à notre action.
♦ L’émotion, un GPS vers la connaissance de soi :
Les études en psychologie ont établi qu’il y avait différents types d’émotions, telles les émotions primaires qui sont les émotions vécues par la majorité des êtres humains (au nombre de 6 : la joie, la colère, la tristesse, la peur, la surprise et le dégoût), puis les émotions secondaires (au nombre de 11 : l’amusement, le plaisir, le contentement, le soulagement, la fierté, l’embarras, la satisfaction, l’excitation, la haine, la culpabilité puis vient la honte; sentiment éprouvé en relation avec quelqu’un d’autre) qui sont des dérivés des primaires.
Le ressenti de l’émotion et son intensité sont aussi reliés à l’intensité du stimulus, telle la puissance d’un souvenir. Jung nous enseigne que, pour aider à la libre circulation d’une émotion, il est important de la mettre en symbole, de la laisser s’exprimer par association, sous forme de sensations, d’images visuelles ou kinesthésiques, et ce, toujours à travers nos sens.
Reconnaître l’émotion est essentiel pour un langage authentique, car – tout comme le corps – l’émotion ne ment pas. Il est important de reconnaître que les émotions peuvent générer des sentiments. Le sentiment est un état affectif qui dure. Par exemple, sous le sentiment d’infériorité, il y a des émotions de honte, de culpabilité, de tristesse, qui sont à la base d’une image négative de nous-mêmes.
♦ L’élan émotionnel :
L’émotion est vie et elle a ce pouvoir d’être une pulsion, un mouvement qui a pour but de communiquer. D’où l’importance d’être à l’écoute de ses propres émotions et des émotions d’autrui. Les émotions sont contagieuses, car elles sont des vibrations qui circulent d’une personne à l’autre.
Plus nous retenons une émotion dans son mouvement, plus elle grandit à l’intérieur de nous.
♦ L’émotion refoulée :
Voici les signes de refoulements émotionnels les plus reconnus que l’on observe dans le langage corporel : avaler nos émotions, bloquer notre respiration, entrer en apnée, crisper nos mâchoires et nos lèvres. Le refoulement donne cette illusion que nous nous protégeons d’une émotion et qu’ainsi nous pouvons la contrôler ; toutefois, l’émotion se vit quand même dans le corps, car elle est naturelle et physiologique. Elle fait partie de la vie.
Refouler ne tue pas l’émotion, refouler stocke l’émotion dans le corps et le subconscient ; c’est ainsi que nous nous nous chargeons de toxines émotionnelles parce que nous les empêchons de circuler pour de nombreuses raisons. Le danger qui réside dans le refoulement, c’est d’en venir, à la longue, à ne plus rien ressentir – c’est ce que l’on appelle « le gel émotionnel ».
♦ A fleur de peau :
Nous pourrions décrire l’hyperémotivité comme l’état dans lequel nos émotions sont à fleur de peau. Cette réaction émotionnelle est le résultat d’un refoulement prolongé des émotions, telle une induration émotionnelle, c’est-à-dire un refoulement chronique.
Les émotions refoulées deviennent tyranniques, elles nous submergent. Notre corps ne ment pas et, à un moment précis, il lâche, il enseigne de par son intelligence qu’il ne peut plus continuer ainsi.
La connaissance de notre vie émotionnelle est essentielle. Pour notre chemin d’individuation, il est important d’aller à la rencontre de l’enfant intérieur en nous, qui est resté petit et qui, il se peut, refuse de grandir pour attirer notre attention d’adultes sur un vécu émotionnel non guéri, et qu’il est désormais nécessaire de transformer.
Derrière beaucoup de nos symptômes physiques se cache l’enfant émotionnel souffrant. Nous ne pouvons nier que notre corps sait qu’il y a constamment en lui quelque chose qui pleure, qui est en colère, qui est irrité, et qui crée de l’inflammation dans les tissus et les articulations.
S’éloigner de notre enfant intérieur pour s’en protéger coûte cher à notre santé, car malgré nous, consciemment ou inconsciemment, nous somatisons cette amputation d’avec la partie la plus tendre nous-mêmes. Ce à quoi nous résistons persiste, et c’est ainsi que notre corps nous enseigne qu’il y a une partie de nous que nous refusons et qui persévère.
Le corps ne peut pas soutenir longtemps cette souffrance qui entraîne à éteindre les feux à l’extérieur de soi quand c’est la maison intérieure qui est en flammes.
La guérison de l’enfant intérieur, comme le dit Jung, est une réparation du lien à notre âme.
Nous récupérons l’innocence de notre enfance avec la sagesse et la maturité de notre vie. C’est le plus beau cadeau que nous puissions nous faire.
Auteur : Marie Lise Labonté
Editions: Guy Trédaniel éditeur
Réflexion:
En effet « miroir », en quoi cette lecture pourrait-elle évoquer votre parcours et comment pensez-vous qu’elle nous inspire dans nos accompagnements de cadres & dirigeants, en OUTPLACEMENT INDIVIDUEL et EXECUTIVE COACHING ?
Au plaisir de futurs échanges …