Le sentiment de vide intérieur
♦ Introduction :
Comment être soi parmi les autres ?
A cette question, une seule réponse : devenir propriétaire de soi-même et pour cela, rentrer à l’intérieur, fermer la porte, le temps de découvrir ce que l’on possède, là où personne d’autre ne compte que soi. « Je donne beaucoup de moi-même, mais je ne sais pas qui je suis ». Pourtant, avant de partager, il faut avoir de quoi, être propriétaire d’un bien, le sien. Faute de quoi, on n’a rien à donner en partage. Il est pourtant dit dans les écritures : « Aime ton prochain comme toi-même » ; l’ouverture du cœur demande donc à se pencher sur le sien et à s’y référer, en premier. Pour un enfant, tourner autour de son nombril est inné ; le laisser faire, pour une part, est salutaire afin qu’il développe sa confiance en lui. S’il n’a pas eu cette latitude, il lui faudra, plus tard, par un travail personnel, se remettre au centre de ses préoccupations pour préciser ses envies et ses motivations.
Quand le don de soi devient négation de soi, un sentiment de manque dû à une absence de références personnelles se crée; pour y remédier il faut retourner « en enfance », là où est restée la clé.
♦ S’attacher à soi-même pour trouver sa place :
Face au vide, le vertige : Quand les circonstances de la vie n’ont pas permis que se constitue une enveloppe psychique, à l’intérieur de laquelle il est possible de se vivre indépendamment du reste, la frontière entre soi et les autres est sujette à caution. La confusion des limites génère une porosité, l’entourage s’infiltre à l’intérieur, ce que l’on est au fond s’estompe et devient flou. Des travaux d’étanchéité pour colmater les brèches sont alors à prévoir pour renforcer ses contours et son autonomie. Pour cause de famille bien-pensante, l’enfant n’a pas eu le droit de penser d’abord à soi, de se plaindre, parce que c’est égoïste, car il y a tellement de souffrances dans le monde : voilà qui défavorise l’attachement à soi-même !
Alors, pour une question de survie, l’adaptation au milieu ambiant prime et devient exclusive. Le sentiment de sa valeur personnelle passe alors par le degré de son utilité aux autres. Dès lors, on peut penser que « sans les autres, on n’est rien ». Cette incapacité à se prendre en considération empêche de vivre par soi-même et d’habiter sa peau. Un cercle infernal se met alors en place : à faire peau commune avec l’entourage, on en ressent les moindres fluctuations. Pour se sentir bien et que les relations soient sereines, on se met en quatre, laissant ses propres besoins. Autre inconvénient : on donne sans compter, sans compter avec soi, sans sentir ses limites. L’épuisement guette, d’autant que l’on n’est pas payé en retour, même si l’on attend secrètement, inconsciemment. Ce jeu inconscient de vases communicants avec l’environnement crée des liens de dépendance qui tournent à la tyrannie. Retrouver le respect que l’on se doit à soi-même est la seule façon de sortir de ce cercle infernal et de ces liens pernicieux.
A partir de 40 ans, les circonstances de la vie se démènent pour nous forcer à aller rechercher les trésors enfouis de notre personnalité laissés à la garde d’un enfant qui nous attend. Aller rechercher les « parties reniées » en soi est une question de santé mentale, de vitalité psychique.
Le dérèglement des sensations est une indication du corps et de l’inconscient pour signifier un refus d’absorption supplémentaire du tout et la nécessité d’éliminer un trop-plein pour faire de la place à soi. A force de tout dépenser pour les autres, on devient un bon à rien pour soi.
Les messages venant du corps, pour peu qu’on les écoute, avertissent que l’on atteint une limite et que l’on ne peut pas tout. Tenir compte de ses limites permet de ressentir les contours de sa nature intrinsèque. Une fois en adéquation avec notre nature particulière se développe la faculté de trier dans la vie le bon et le nécessaire pour soi. Détenteur de ces règles élémentaires de l’économie de soi : investissement, dosage, et régulation de l’énergie physique et psychique, on peut sortir affronter le vaste monde sans risque de confusion.
La solidité du lien à soi et la congruence gagnée à rester dans ses limites permettent de résister aux courants extérieurs et créent autour de soi la distance nécessaire pour conserver son libre arbitre.
L’impression de ne pas compter aux yeux des autres, vient de ce que l’on ne compte pas à ses propres yeux, on ne s’aime pas suffisamment. L’amour de soi n’est pas donné, il se cultive.
♦ Le mythe personnel :
Pour Jung, le mythe personnel est la révélation de la vie divine dans l’homme et la façon dont elle nous parle ; cela demande la coopération du conscient et de l’inconscient.
Les bouleversements de la quarantaine sont des incitations à se mettre en route pour rejoindre cet autre versant de soi-même laissé dans l’ombre, indispensable pour la réalisation du projet de vie très personnel que chacun porte en soi.
La tâche confiée à l’homme de mener son développement à bonne fin, si elle est remplie, confère un sentiment de plénitude et relève aussi d’un devoir.
♦ Accoucher de soi-même :
Il ne suffit pas de naître, encore faut-il naître à soi-même ; ce qui suppose la mise au jour et la bonne gestion des éléments de sa personnalité. Œuvre de vie, production d’essence rare contenue en chacun pour le bien de tous, l’entreprise mérite que l’on s’y donne. Jung parle d’individuation.
Regarder d’un œil égal et sans favoritisme ce qui nous compose ou ce qui nous entoure, donne l’occasion de prendre en compte les choses pour ce qu’elles sont. Dès lors, on est disposé à réserver un accueil attentif et compréhensif à soi-même comme aux autres. Cette disposition se précise au fur et à mesure de l’intégration des différentes parts de soi et amène au moyeu de soi-même. Un endroit plutôt stable et tranquille. Devenu quelqu’un, muni du signe distinctif de ce qui nous appartient, on ne court plus après tout, car on tient à soi.
Le rattachement à son centre, vierge de préjugés, ouvre à une appréciation de soi sans jugement ni discrimination. Cette capacité d’accueil n’est évidemment pas sans conséquence sur la façon dont par la suite on accueille l’autre. Un sentiment de bienveillance vis-à-vis de soi-même prend naissance, on devient son « meilleur ami » comme le souligne D. Siegel.
Auteur: Flore Delapalme
Editions: Eyrolles
En effet « miroir », en quoi cette lecture pourrait-elle évoquer votre parcours et comment pensez-vous qu’elle nous inspire dans nos accompagnements de cadres & dirigeants, en OUTPLACEMENT INDIVIDUEL et EXECUTIVE COACHING ?
Au plaisir de futurs échanges …