La Grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite…et autres leçons de vie
Les sept métaphores et allégories suivantes parlent de conscience, de changement, d’évolution, en s’inspirant de phénomènes naturels ou d’expériences physiques. Le langage symbolique est véritablement porteur de connaissance : notre participation est nécessaire pour qu’il prenne vie.
1• La grenouille dans la marmite d’eau : Sommes-nous déjà à moitié cuits ?
La santé peut se détériorer insensiblement mais sûrement. Notre accoutumance à certains désagréments mineurs, ajoutée à la perte de sensibilité et de vitalité, fait que nous ne réagissons pas à cet insensible affaiblissement de notre santé avant que n’apparaissent des pathologies plus profondes, plus graves, plus lourdes à traiter. L’allégorie de la grenouille nous enseigne que, à chaque fois qu’une détérioration est lente, faible, presque imperceptible, il nous faut une conscience très aiguisée pour nous en rendre compte, ou encore une bonne mémoire, un étalon fiable d’après lequel évaluer l’état de la situation ; ces trois facteurs étant aujourd’hui chose rare. De même, à mesure que la situation se détériore, les facultés permettant d’apprécier cette détérioration s’alternent aussi.
2• Le bambou chinois : la préparation dans l’obscurité (graine qui ne pousse que la 5ème année, de 12 mètres !)
L’allégorie de la grenouille fait référence à un changement lent et imperceptible ; celui du bambou chinois évoque un changement soudain, rapide, spectaculaire. Ce n’est pas parce que nous ne voyons rien qu’il ne se passe rien. Certains changements brusques ou instantanés peuvent être le résultat d’une lente évolution qui, elle, ne nous est pas perceptible. Autrement dit, les grands dangers ne sont pas toujours les plus visibles.
3• La cire et l’eau chaude : la force de la première impression
A vouloir aller trop vite au début, nous ralentissons considérablement l’obtention du résultat désiré. « Roulez lentement, je suis pressé » (Churchill à son chauffeur).
4• Le papillon et le cocon : l’aide qui affaiblit et l’épreuve qui renforce
Cette allégorie évoque une pédagogie de l’accompagnement, de l’émergence, plutôt que de l’aide mal comprise qui affaiblit ou détruit ce qu’elle croit sauver. L’assistance inopportune à personne non menacée constitue un délit contre l’évolution personnelle, contre la croissance, contre le dépassement de soi.
5• Le champ magnétique et la limaille : modifier le visible en agissant sur l’invisible
Si nous voulons effectuer un changement véritable, il nous faut intervenir sur les causes profondes, non visibles. Nous croyons à nos propres fantasmes, à ce que nous susurrent nos peurs, à ce que les autres nous ont dit de nous-mêmes et du monde. Autrement dit, notre liberté de penser est limitée à notre champ de croyances. Si pour les poètes la pensée a des ailes, notre champ de croyances en est la cage et nos peurs, nos barreaux les plus solides. Il n’y a pas de vraie liberté de pensée sans liberté de croyances, c’est-à-dire sans prise de conscience des croyances qui agissent sur nous.
6• L’œuf, le poussin…et l’omelette : de la coquille au squelette
Rien ne s’oppose durablement au changement, car la vie est changement, et sans lui aucune vie n’est possible. Notre seul véritable choix concerne la manière d’effectuer ces changements : en douceur, de façon constructive…ou alors brutalement, dans la casse et la violence. L’histoire est une spirale où alternent sans cesse jour et nuit, été et hiver, construction et destruction, conflit et paix, inspiration et expiration. Tout tentative de notre part de supprimer l’un des termes de ces couples de polarité est donc vouée à l’échec.
7• La vipère de Quinton : milieu extérieur et force intérieure
L’originalité de l’approche des « créatifs culturels » (« L’émergence des créatifs culturels » – Paul H.Ray & Sherry Ruth Anderson) est qu’elle procède tout d’abord d’un changement intérieur qui cherche ensuite à se propager à l’extérieur. Si notre cœur n’est pas touché, si nos émotions ne sont pas prises en compte, si nos blocages ne sont pas levés, si nos peurs subsistent en profondeur, si nos croyances restent inconscientes, notre changement demeurera superficiel et ne durera pas.
Le temps reste le juge le plus sûr et le plus impitoyable des œuvres humaines : ne résiste à son usure que la qualité, le beau, le bon, le vrai, le juste. Quand nous voulons aller trop vite, sans prendre le temps de développer des racines profondes avant de vouloir nous élancer vers le ciel, nous courons le risque de produire quelque chose de faible et fragile qui manquera d’une sève suffisante pour nourrir ses branches et produire des fruits.
Faire du temps notre allié plutôt que notre ennemi inconscient.
Mal utilisée, la parole peut dilapider la sève d’une idée ou d’un projet, et les priver de racines. D’où la valeur de la préparation silencieuse et du secret de la création.
Nombre de nos actes ne sont pas la conséquence d’un choix éclairé, fondé sur une connaissance approfondie du sujet, mais simplement le résultat de nos habitudes, de l’inertie, qui nous font emprunter machinalement les sillons les plus évidents, les plus usés, même quand ils sont complétement obsolètes, inefficaces ou contre-productifs.
Il faut rester curieux, ne rien tenir pour acquis, continuer de nous émerveiller, de nous interroger et remettre l’évidence en question. La liberté, c’est de pouvoir creuser son propre sillon.
Être influencé, puis influencer à son tour ; s’individualiser pour ensuite enrichir l’ensemble ; se hisser au-dessus des autres, puis les tirer vers le haut ; ce sont ces va-et-vient permanents entre l’individuel et le collectif qui donnent à l’évolution ses alternances et son rythme.
Auteur : Olivier Clerc
Édition : Marabout
Réflexion:
En effet « miroir », en quoi cette lecture pourrait-elle évoquer votre parcours et comment pensez-vous qu’elle nous inspire dans nos accompagnements de cadres & dirigeants, en OUTPLACEMENT INDIVIDUEL et EXECUTIVE COACHING ?
Au plaisir de futurs échanges …