Le Symbole
♦ Préface, par Frédéric Lenoir :
L’homme est le seul animal capable de symbolisation. Le seul à chercher dans les choses et dans le monde qui l’entoure un sens caché, profond, qui le relie à un monde intérieur ou invisible. L’étymologie grecque du mot symbole, « sumbolon », renvoie à un objet qu’on a séparé en plusieurs morceaux et dont la réunion des diverses pièces offre un signe de reconnaissance. À l’inverse du diable (« diabolon ») qui divise, le symbole uni, associe.
Il répond à un besoin profondément ancré dans la psyché de relier le visible et l’invisible, l’extérieur et l’intérieur. C’est pourquoi, dès l’aube de l’humanité, le symbole apparaît comme la manifestation par excellence de la profondeur de l’esprit humain et du sentiment religieux (religion, dont l’étymologie latine « religare » signifie aussi « relier »).
Carl Gustav Jung a parfaitement montré que l’âme de l’homme moderne est malade du manque de mythes et de symboles. Certes la modernité a inventé de nouveaux mythes et de nouveaux symboles – ceux de la publicité par exemple – mais ils ne répondent plus aux aspirations de sens véritable, c’est-à-dire profondes et universelles, de notre psyché. Depuis une trentaine d’années, le retour de l’astrologie de l’ésotérisme, les succès planétaires d’œuvres de fiction telle que le Seigneur des anneaux, l’Alchimiste, Harry Potter ou le Monde de Narnia, sont les signes tangibles d’un besoin de « réenchantement du monde ». L’homme ne peut en effet se relier au monde et à la vie uniquement par sa raison logique. Il a besoin de s’y relier aussi par son cœur, sa sensibilité, son intuition et son imaginaire.
Le symbole redevient dès lors la porte royale de son accès au monde et à lui-même.
♦ L’aventure du sens… :
Un symbole est une représentation qui fait sens. La voie symbolique universelle est cependant unique pour l’individu en quête de lui-même et lui offre une traversée exceptionnelle, un voyage initiatique aux paysages multiples (le symbole s’adresse à chacun). Il convient d’accueillir le symbole pour le laisser opérer dans la mise en œuvre du processus de création de soi-même, aventure du moi en quête de sens, ce que Jung nomme « processus d’individuation ».
Pas plus qu’il ne s’apprend, le symbole ne s’explique ni ne se transmet. C’est une expérience et en tant que telle, il se vit, c’est un processus d’évolution.
♦ Petit inventaire du Symbole… :
Le symbole : terme apparu en 1830.
Le symbole est le moyen pour parvenir à l’unité, pour unifier, pour reconnaître, pour se reconnaître. Il existe de manière concrète mais ce qui en fait un symbole, qui fait sens à travers lui est une fonction : la fonction symbolique.
Ce quelque chose possède une amplitude, c’est un investissement émotionnel chargé d’affect et c’est dans son expression que cet objet devient symbole. En dehors de cette projection, l’objet n’est rien d’autre que ce qu’il montre.
Le propre du symbole se tient dans le fait de n’être pas spontanément et facilement reconnu par le conscient lors de sa manifestation, sa fonction étant de se présenter « déguisé ». Ce déguisement est une stratégie de l’inconscient pour laisser remonter à la surface certains contenus psychiques refoulés qui, sans cette ruse, n’auraient jamais pu franchir la barrière de la censure. Le symbole est polysémique (a plusieurs sens), ambivalent, il est un système à lui seul qui relève de la connotation et de l’analogie. Le symbole se révèle par une perception qui fait « sensation » ou par le biais de tout objet tangible qui renvoie à autre chose que ce qu’il représente. Par extension, le symbole en est venu à désigner «toute réalité qui en évoque d’autres», absentes ou abstraites, à l’aide d’une similitude implicite. Pour exemple : la colombe correspond au symbole de la paix, le lion à celui du courage…
La symbolisation est le processus qui se met en œuvre dans la vie et particulièrement dans le travail de connaissance de soi. La fonction symbolique est activée par le conscient.
Jung utilise l’imagination (création volontaire d’images), capacité que tout être humain possède, afin de développer une technique : « l’imagination active », à laquelle il associe « l’amplification », outils au service de l’introspection en profondeur, qui laissent la place à l’irruption du symbole.
Selon lui, le symbole est avant toute une image propre à désigner le mieux possible la nature obscurément soupçonnée de l’Esprit, l’esprit englobant pour lui le conscient et inconscient.
Le signe (ce qui est connu et reconnu) permet d’édifier une passerelle entre le moi et le monde extérieur, entre moi et l’autre et ce qu’il incarne ou signale ; il peut ou non, devenir symbole. Du signe au symbole, du connu à l’inconnu, s’inscrit le passage, la mutation et l’évolution qui donne sens à l’aventure humaine.
Il est bien entendu qu’il ne faut pas tomber dans le piège de l’excès qui consiste à voir des signes partout et croire que ceux-ci sont porteurs de symboles, donc de messages. Ainsi, le symbole permet d’identifier une passerelle entre le moi et lui-même, entre le moi et l’autre en soi.
La fonction royale du symbole réside dans sa faculté à établir le lien entre le moi et le Soi, lien indispensable au retour à l’unité, c’est-à-dire à ce qui fait re-connaissance, connaissance de soi.
Pour reconnaître la vérité de la signification d’un symbole, il n’y a aucun critère objectif. Le seul critère pouvant valider son existence se révèle totalement subjectif puisqu’il s’agit de l’émotion émise par le ressenti.
♦ Le symbole permet à l’ETRE de FAIRE :
Le symbole naît de la bipolarité : synthèse des contraires, il possède une face diurne et une face nocturne permettant, en tant que « tiers inclus », de construire un pont, puis d’offrir une véritable complémentarité à toutes les polarités et à tous les contraires.
La quête symbolique demande effort, volonté et patience car le symbole détenteur d’une multitude de sens requiert, pour être validé, le sens unique et vrai de celui qui s’y projette. La découverte du message dépend de l’honnêteté et du courage de l’être en chemin, car le parcours semé d’embûches oblige, comme le disent les alchimistes, « de rectifier » à tout instant. Le rêve, en libérant les images les plus folles et les plus surprenantes, invite à travers d’innombrables projections, le moi à sortir de cette « apparente incohérence » ; en donnant du sens, la rencontre et l’utilisation du symbole demande une volonté consciente et un effort de clarification.
L’immobilisme nourrit nos certitudes et nos certitudes confortent notre immobilisme. Les symboles omniprésents à chaque moment de notre vie opèrent comme des sentinelles invisibles que notre conscience seule peut percevoir quand le besoin impérieux de « donner sens » se fait jour.
La synchronicité, bien que parfois porteuse de situations douloureuses et éprouvantes, est un « moment cadeau » de l’univers qui intervient dans un moment de vie où « quelque part » dans la psyché d’un individu, « quelque chose » en lui est prêt à céder, à se révéler, à avancer.
La synchronicité établit, à un moment précis et singulier, un dialogue entre une partie de moi et son aboutissement, son achèvement, son apothéose : le Soi.
Auteurs : Carole Sédillot & Elisabeth Zana
Editions: GRANCHER, Collection ABC
Réflexion:
En effet « miroir », en quoi cette lecture pourrait-elle évoquer votre parcours et comment pensez-vous qu’elle nous inspire dans nos accompagnements de cadres & dirigeants, en OUTPLACEMENT INDIVIDUEL et EXECUTIVE COACHING ?
Au plaisir de futurs échanges …